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Le Concept des « 3 A » chez Chabâa

Mohammed Chabâa, Composition, 1975, Laque sur bois, 249 x 360 cm Courtesy Fondation ONA.

« L’architecture est l’une des expressions des arts plastiques »

(Mohammed CHABAA, in: Alam Attarbia, n°11, p 36, 2001.)

 

Chez CHABAA, la conscience patrimoniale et l’intérêt pour l’architecture se manifestèrent très tôt. La découverte des principes de la Renaissance italienne et celle de l’Ecole du Bauhaus lors de son séjour d’études à Rome, constitueront le point de départ de son concept des « 3 A ». Dès lors, relier Art, Architecture et Artisanat revêtira un intérêt central. Un concept qu’il aura farouchement défendu et appliqué tout au long de son riche parcours.

Rome, 1962. L’avant-garde artistique italienne, dont cette ville est la plateforme tournante est fortement influencée par les principes fondateurs de l’Ecole du Bauhaus, créée par Walter Gropius, en 1919. Outre les cours d’initiation au Bauhaus dispensés à l’Académie des Beaux-arts, CHABAA y découvre l’architecture de la renaissance italienne, conçue à l’époque comme un art majeur, englobant toutes les formes d’expression plastique. Ces préceptes font écho chez lui et offrent une réponse inattendue à ses préoccupations liées au rapport entre Art, Architecture et Artisanat.

L’Architecture: Une Histoire de Passion

Né d’un père Maître-maçon et chef de chantiers, CHABAA avait un sens inné de l’espace. Son intérêt pour l’architecture pris forme dès son premier emploi décroché à sa sortie de l’école des Beaux-arts de Tétouan, au sein du département « Architecture », au Ministère de la Jeunesse et des Sports. Bien qu’engagé initialement comme dessinateur-projetteur auprès de l’architecte français en charge à l’époque des projets de construction, il est rapidement promu à la fonction de responsable du suivi des chantiers. C’est ainsi qu’il s’initie aux bases de la conception architecturale et y prend goût. CHABAA prend connaissance de la complexité du métier d’architecte: imaginer une construction, en faire une esquisse, en dessiner les plans, penser les questions techniques liées à sa réalisation, sans pour autant en négliger l’aspect esthétique. Vaste programme !

Quelques années plus tard, lorsqu’il est admis à poursuivre ses études supérieures à l’Académie des Beaux-arts de Rome, CHABAA opte naturellement pour l’architecture d’intérieur comme spécialité. Son intérêt pour la troisième dimension se confirme. Avec bonheur, Rome se révèle un musée à ciel ouvert : sculptures, peintures, gravures et autres expressions artistiques y sont exposées et intégrées à l’espace architectural et urbain : places, placettes, églises, avenues, cours intérieures, etc. Les leçons architecturales du « quattrocento » et du baroque sont partout visibles. Certaines constructions baroques où l’art de l’ornementation atteint son apogée évoquent à CHABAA les palais et les demeures marocaines traditionnelles, où bois sculpté et peint, plâtre ciselé, verre multicolore et autres mosaïques zelliges s’intègrent au bâti magnifiant le résultat final. La découverte de l’art occidental dans ce nouveau milieu lui ouvre les portes de la réflexion et l’amène à reconsidérer les arts traditionnels dans leur ensemble. Il constate que dans l’art traditionnel marocain, il n’existe pas de musée où l’on peut admirer les œuvres. Les créateurs marocains ne produisent pas selon un cadre convenu, comme c’était le cas en Europe ou ailleurs en Occident. Nos arts traditionnels sont directement intégrés à l’espace architectural, notamment les mosquées, les médersas, et les palais dans un souci aussi fonctionnel qu’esthétique et mettent l’accent sur le raffinement des formes et des couleurs. C’est ainsi que CHABAA fait une révélation importante : le créateur marocain devrait demeurer proche de l’architecture car cela s’inscrit dans la continuité du savoir-faire et du génie local. Par ailleurs, CHABAA découvre les travaux contemporains de Pierre Luigi Nervi, ingénieur-architecte, dont les réalisations d’une haute technicité sont des véritables chefs-d’œuvre artistiques. Par chance, il réussit à décrocher un stage chez un architecte italien célèbre. S’en suivront une série de stages importants qui lui donneront les outils indispensables à la connaissance du monde de l’architecture et ses enjeux.

De retour au Maroc en 1964, diplôme en poche, CHABAA intègre un cabinet d’architecture d’intérieur. Il participe à l’aménagement du Pavillon de l’Office National de l’Irrigation (ONI), à la Foire internationale de l’Agriculture à Casablanca et y conçoit une peinture murale, où la référence à l’espace urbain est évidente. L’intérêt pour l’architecture qu’il considérait « mère de tous les arts » trouvera ensuite à mieux s’exprimer suite à un événement inattendu advenu à l’Ecole des Beaux-arts de Casablanca qu’il avait intégrée comme enseignant en 1966.

En effet, dans le cadre de la préparation d’une exposition de travaux d’étudiants de fin d’année, CHABAA était entré en contact avec la direction de l’Urbanisme de Casablanca pour obtenir les plans du site de Sidi Abderrahmane. Ces plans devant servir de base aux étudiants pour un exercice d’intégrations murales, dans un complexe touristique à imaginer. Bernard Hamborjet, jeune architecte oeuvrant à l’époque au sein de la coopération française avait été chargé de lui livrer ces plans. Ayant pris connaissance du travail des étudiants, il tombe en admiration devant le résultat final, et en parle autour de lui, notamment à son ami l’architecte Patrice De Mazières. Piqué dans sa curiosité, ce dernier fait le déplacement à l’école, où il mettait les pieds pour la première fois. Entre De Mazières et CHABAA, l’entente est immédiate. De Mazières est subjugué par la méthode pédagogique d’avant-garde adoptée par l’équipe enseignante, en rupture totale avec l’académisme précédent. Cela l’intéresse au plus haut point. Il fait la connaissance également de Mohammed Melehi, collègue de CHABAA et celle de Farid Belkahia, directeur de l’établissement. Cette rencontre s’avérera décisive et sera l’élément déclenchant une série de collaborations entre l’architecte et les trois peintres dans le cadre de vastes projets d’équipements publics, dont des hôtels. A cette occasion, les peintres réalisaient des intégrations artistiques ou des panneaux muraux. CHABAA concevait parfois des systèmes d’éclairage plafonniers s’inspirant de motifs artisanaux ou réalisait la signalisation des lieux en calligraphie arabe. S’étalant sur quelques années, la collaboration entre CHABAA et le cabinet Faraoui & De Mazières se révéla fructueuse et permit à l’artiste de réaliser son rêve de travailler en dialoguant avec un architecte, dans le cadre de ce qui fut parmi les premières tentatives au Maroc d’intégration de l’art à l’architecture moderne.

Un autre événement viendra bientôt renforcer chez CHABAA la possibilité de relier les « 3 A ». En 1968, il se met à son compte et fonde « Studio 400 », un atelier de design et d’architecture d’intérieur. L’occasion rêvée de mettre en application son concept. Dans la totalité des projets menés dans le cadre de son atelier, CHABAA veillera à intégrer une à plusieurs animations murales et s’inspirera souvent de l’univers formel des arts traditionnels comme de ses matériaux pour la création du mobilier et le design des objets. Les exemples sont nombreux : le siège de la société COMANAV (1968), l’Office National de Commerce et d’Exportation (1969), le Terminal de Rabat-Salé (1969), le siège de la RAM à Bruxelles (1969), ou encore l’Hôtel d’Oujda (1970).

Parallèlement, et avec un groupe de peintres, il initie une série de manifestations artistiques en milieu urbain, dont l’exemple le plus célèbre est sans doute l’exposition à la Place Jamaâ El Fna, à Marrakech en 1969 et à Casablanca, Place du 16 novembre la même année. D’autres exemples sont l’exposition en plein air aux Lycées Mohammed V et Fatima Zohra à Casablanca organisées en 1971, la manifestation du Moussem d’Assilah en 1979 et celle de l’Hôpital psychiatrique de Berrechid, en 1981. Sans oublier les intégrations murales réalisées individuellement à Tanger, à différents points de la ville en 1987, dans le cadre de son nouveau plan directeur, et bien d’autres. Ces actions donneront forme à la vision propre à CHABAA d’un art inscrit dans le quotidien des individus et accessible au plus grand nombre, et rejoignent sa conception de la ville comme lieu d’exposition permanente.

Pédagogie de l’Art et de l’Architecture

Au début des années 80, une nouvelle opportunité fera son apparition dans le parcours de CHABAA avec la création de la première école Nationale d’Architecture (ENA), à Rabat. Celle-ci fait appel à lui pour l’enseignement des arts plastiques. De nombreux questionnements ayant trait à la part de l’enseignement de l’art dans la formation d’un architecte et la méthode à suivre pour y parvenir se posaient alors. Doit-on former des architectes dotés d’un sens artistique ou des « plasticiens-architectes » ? Tout cela intéresse CHABAA au plus haut point. Les leçons de Walter Gropius et de Franck Lyod Wright (son architecte préféré) toujours présentes à son esprit, lui inspirent d’emblée quelques axes d’orientation à proposer. Il se lie d’amitié avec un groupe de jeunes architectes motivés et bien décidés à apporter leur pierre à l’édifice de la formation de la première génération d’architectes au Maroc. Avec eux, il initie un atelier « Art et Architecture » et des séminaires sur l’art contemporain marocain, en plus de l’atelier d’arts plastiques dont il avait la charge. Avec les étudiants, il organise des visites commentées d’expositions d’art contemporain et des rencontres avec les artisans dans leurs ateliers, ou encore déplace ces derniers à l’école pour un atelier commun et un véritable échange avec la communauté. CHABAA entretenait par ailleurs des liens étroits avec l’Association Nationale des Architectes et des Urbanistes (ANAU) à l’origine de la création de l’Ecole Nationale d’Architecture avec laquelle il organisait de multiples activités au sein de l’école créant un lien continu avec les métiers d’art : séminaires avec les artisans ou voyages d’études, à la découverte des sources de l’artisanat des régions.

L’Amour des Arts Traditionnels

Durant les années 50, à l’occasion d’un voyage d’étude organisé au Palais de l’Alhambra, à Grenade, alors qu’il était jeune étudiant à Tétouan, CHABAA raconte n’avoir pu retenir ses larmes devant l’expression d’un raffinement sans égal des savoir-faire des maîtres-artisans andalous. Les traces de leurs gestes demeurées intactes des siècles durant, suscitaient son émotion. La parfaite adéquation de l’architecture et des décors intégrés était tout aussi troublante. CHABAA prit conscience très tôt de l’importance des arts traditionnels et leur impact sur ce qu’il nommait « la perception sensible », le développement du goût et la spiritualité des individus.

Alors qu’il enseignait à l’école Nationale d’Architecture de Rabat en 1985, une opportunité se présentera à CHABAA de concrétiser son souhait de se rapprocher davantage du monde des arts traditionnels. Il se voit proposer le poste de Conseiller artistique auprès de Mohammed Abied, Ministre de l’Artisanat et des Affaires Sociales de l’époque. Ce dernier lui confie la responsabilité de la gestion des problématiques liées aux métiers d’art, dont la formation des artisans. Après des visites de terrain du nord au sud, à la découverte de l’artisanat des différentes régions, CHABAA entreprend un véritable travail de répertoriage et d’archivage de ces métiers, dont certains étaient en voie de disparition. Accompagné par un photographe professionnel, il documente, illustre et classe ce qui fera l’objet d’une série de fascicules (par métier) édités par le Ministère. Ce qui le préoccupe, c’est l’évolution des savoir-faire artisanaux qui tendent à stagner et à disparaître faute d’une politique de valorisation et de prise en compte des besoins du secteur, dont l’artisan est le fer de lance. Il entreprend alors de lancer des concours d’artisans par domaine : sellerie, poterie, arts du tapis, etc. Des prix étaient remis aux meilleurs afin d’encourager l’excellence, la persévérence et la révélation des talents cachés. Pour davantage d’émulation, CHABAA instaure le Moussem National de l’artisanat, événement annuel qui réunissait des artisans des quatre coins du Maroc invités à exposer et à commercialiser leurs produits. Lors de ces expositions, un véritable travail de scénographie et d’éclairage était réalisé par CHABAA et visait à mettre en valeur les objets à l’intérieur de stands et de parcours conçus spécialement pour l’occasion. Une aile-galerie accueillait des expositions d’artistes contemporains et des tables-rondes en présence d’artistes, d’artisans et d’architectes. CHABAA organisa un voyage d’études à la région de Rissani, au sud du Maroc à la découverte de son patrimoine et y invita des architectes de l’Ecole Nationale d’Architecture, des artistes contemporains, des artisans de la région et des universitaires intéressés par les questions du patrimoine. Cette rencontre inédite donna lieu à un texte de recommandations ayant trait à l’avenir de l’artisanat de la région.

CHABAA travailla à la refonte des programmes des centres de formation artisanaux y intégrant parfois un architecte chargé de l’enseignement du dessin technique et de la conception. Il fut amené à concevoir un projet ambitieux d’Institut Royal du Design destiné à former des artisans-designers capables de faire évoluer leurs créations et créer le lien avec l’industrie, tout en améliorant les conditions de production et de diffusion de leur travail. Ce projet n’avait pu malheureusement voir le jour.

Une très belle illustration du concept des « 3 A » sera l’intervention de CHABAA à Rome en 1990, lors de la construction de sa nouvelle Mosquée. CHABAA y étudiera le projet d’intégration des arts traditionnels en compagnie des maîtres-artisans marocains dépêchés surplace : Houcine Lamane, Kamal Bellamine, Abdelali El Kandri, de l’architecte Paolo Portoghesi maître d’œuvre de la Mosquée et de l’ingénieur expert Vittorio Gigliotti. Il en résultera une nouvelle gamme de couleurs de mosaïques zellige, dont les traces exceptionnelles témoignent à ce jour d’une belle réussite des « 3 A ». Cette expérience unique lui valut en 1991 le titre de « Commandatore » (Commandeur) de la république italienne.

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Lena Bergner — From the Bauhaus to Mexico

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What bauhaus imaginista has documented thus relates to a particular historical phase, one that opened a path to the renewal of the art situation in Morocco. And yet, although more recent generations of Moroccan art historians and critics often mentioned the period as a formative and unavoidable reference point, they never really deepened study of that period. It somehow remained in the shadows of other phases and realities. But cultural memory has its rhythms, and the moment arose when the years of the Casablanca Group called for attention, demanding its artistic accomplishments be better understood. In this regard, the bauhaus imaginista project came at the right moment and has had important repercussions. → more

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I was sixteen years old when I undertook my first journey into finding a professional vocation, first in Asilah, then in Fez followed by Tétouan. 1952. Tangiers was, to me, an open book, a window on the world. The freedom of seeing, of discovering and of feeling, of weaving the narratives of my dreams. → more

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Utopie culturelle vécue, posture éthique et préfiguration de la modernité artistique et culturelle marocaine, l’École des Beaux-arts de Casablanca est, de 1964 à 1970, le lieu de cristallisations d’aspirations sociales et artistiques portées par un groupe d’artistes et enseignants responsables d’une restructuration des bases pédagogiques. → more

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Les Intégrations: Faraoui and Mazières. 1966–1982 — From the Time of Art to the Time of Life

Les Intégrations exemplified a specific conceptual motif, one that acted not within a single field but rather implied a relationship of interdependence between different media (visual arts and architecture) and techniques (those of graphic arts and architecture). They thus allowed for the emergence of disciplines that were not static in formation but evolving in relation to one another. The intermedial relationship they created between art and architecture raises the question of what lies “between” these disciplines: how do they communicate with each other? What are the elements of language common to this “spirit of the times,” to the particular atmosphere of the late 1960s? → more

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Don’t Breathe Normal: Read Souffles! — On Decolonizing Culture

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A Bauhaus Domesticated in São Paulo

In March 1950, Pietro Maria Bardi, director of the São Paulo Art Museum (MASP, which opened in 1947), wrote to several American educational institutions requesting their curricula as an aid to developing the first design course in Brazil—the Institute of Contemporary Art (IAC), which was to be run as a part of the museum and would also be the country’s first design school. Despite being brief and objective, his missives did not fail to mention the “spirit of the Bauhaus,” explicitly linking the institute he hoped to found with a pedagogical lineage whose objectives and approach he aimed to share. → more

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In the Footsteps of the Bauhaus — Its Reception and Impact on Brazilian Modernity

Through the strong German-speaking minority and its active work in the creation and mediation of culture in the spirit of modernity, the application of Bauhaus formal language, especially in the first phase of Brazilian modernity, has played a considerable role. It was only with the equation of German culture with National Socialism and the ensuing intolerance of German protagonists that these architectural and cultural activities were severely disrupted. In Brazil during this period, a style of modernism based on the principles of Le Corbusier finally gained acceptance. The impulses of the Bauhaus, however, which were not perceived for many years, were also reinterpreted and further developed within Brazil, although they remained occulted in comparison to the public reception of Corbusier. → more

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Ivan Serpa, Lygia Clark, and the Bauhaus in Brazil

The art school of the Museu de Arte Moderna do Rio de Janeiro was established in 1952, led by Ivan Serpa, who gave classes for both children and adults—including artists who would go on to form the Grupo Frente (1954–56) and later the neo-concrete movement (1959–61). Writer and critic Mário Pedrosa described the “experimental” character of these classes, but the fact this experimentation was structured through study of color, materials, technique and composition has encouraged art historian Adele Nelson to claim Serpa’s teaching method was substantially based on the Bauhaus preliminary course. → more

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Walking on a Möbius Strip — The Inside/Outside of Art in Brazil

This text investigates how the topological figure of the Möbius strip, famously propagated by Bauhaus proponent Max Bill, was used in Brazil within dissident artistic practices of the 1960s and 1970s as a tool for reflection on the subject, alterity and public space. The Möbius strip is revisited in this essay as a conduit for thinking critically about possible subversions of Eurocentric forms, as well as various appropriations of traditional popular culture by modern and contemporary art in Brazil. → more

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In the 1950s and 1960s, intense debates and exchanges took place between Brazilians and Germans working in the fields of design, art, and their various manifestations—from architecture and painting to music and poetry. These intertwined lines are identifiable in myriad events: journeys, meetings, exchanges of letters, exhibitions, lectures, courses, and publications. Common modes of production emerged out of these different encounters where, more than relations of influence, one can observe how entangled realities led to a questioning of the directionality of the flow between center and periphery. → more

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This text deals with the experience of the Museum of Popular Art (MAP) and the School of Industrial Design and Handicraft, designed by the Italian-Brazilian architect Lina Bo Bardi, in Salvador (capital of the state of Bahia), Brazil. Such a “school-museum” is based on the capture and transformation of latent forces that exist in Brazilian popular culture. → more

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Cristine Takuá is an Indigenous philosopher, educator, and artisan who lives in the village of Rio Silveira, state of São Paulo, Brazil. She was invited to present a contemporary perspective on questions and tensions raised by interactions between the Indigenous communities and the mainstream art system, as well as to address Brazil’s specific social and political context. → more

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